Days Gone Remastered : L’asphalte est noir, les souvenirs aussi

Date de sortie : 25 avril 2025

Développeurs: SIE Bend Studio

Éditeur : Sony Interactive Entertainment

Plates-formes : PS5

Genres : Aventure, Action, survie

Prix : 64,99$ 

"Il y a des routes qu’on ne prend qu’une fois. Des routes qui saignent. Des routes qui mènent à ce qu’on est vraiment. Dans Days Gone, on ne sauve pas le monde. On essaie juste de ne pas le rejoindre dans la tombe."

La route n’a pas de fin. Elle serpente à travers les pins calcinés, les motels éventrés, les montagnes silencieuses. Dans Days Gone Remastered, le bitume est le dernier confident d’un monde en décomposition, et Deacon St. John roule encore, moteur rugissant et cœur saturé de cendres. Ce n’est pas un retour triomphant. C’est un sursis.

Un monde trop vivant pour être mort

Le remaster de Days Gone ramène à la vie un monde déjà à moitié enterré. L’Oregon post-apocalyptique n’a jamais été aussi lugubre. Les forêts humides frémissent sous la pluie, les vents hurlent dans les collines, et l’on croirait presque sentir l’odeur du bois pourri et du sang sec. Visuellement, le jeu a reçu un vrai coup de polisseuse : textures affinées, éclairages retravaillés, fluidité à 60 FPS stables sur PS5.

Mais il y a quelque chose de pourri derrière cette beauté froide. Ce monde n’est pas mort, non. Il est enragé. Les Freakers, ces hordes d’humains dégénérés, se déplacent comme un seul corps animé par une haine aveugle. Leurs hurlements déchirent le silence comme des lames. Dans cette version remasterisée, leur animation est plus fluide, plus rapide, presque bestiale. Affronter une horde n’est plus un défi : c’est une sentence.

Et pourtant, dans cet enfer de chair et de béton, Deacon continue de chercher... quoi ? La rédemption ? La vengeance ? Peut-être simplement une voix humaine, un autre cœur qui bat.

Un gameplay entre le métal et l’os

Days Gone Remastered reste fondamentalement fidèle à la version originale. C’est à la fois sa force et sa malédiction. La structure du jeu repose toujours sur des allers-retours incessants entre les camps de survivants, les missions secondaires et les exterminations de nids. Mais à force de répétition, l’intensité s’érode. L’adrénaline laisse place à une lassitude pesante ou si vous préférez, une boucle de survie où la mécanique semble tourner à vide.

Mais il faut rendre à Deacon ce qui lui appartient : sa bécane est l’extension de son âme. Ce n’est pas juste un véhicule. C’est une bête capricieuse qu’il faut nourrir, réparer, bichonner. Chaque plein d’essence devient une micro-aventure. Chaque fuite, une course contre la mort. Le système de personnalisation a été légèrement affiné, et les temps de chargement réduits rendent la progression plus fluide.

Les armes, elles, claquent comme des poings dans la nuit. Fusils à pompe, arbalètes, cocktails Molotov, tout est brut, viscéral, sanglant. Ce n’est pas un jeu qui cherche la finesse. C’est une guerre de tranchées entre toi et tout ce que la nature a vomi de pire.

Deacon St. John : survivant ou fantôme ?

Il y a un homme au cœur de la machine. Deacon n’est pas un héros. Il n’est même pas un bon gars. Il est brisé, rongé par le deuil, hanté par des souvenirs qui collent à la peau comme la suie. Sam Witwer, dans cette version remasterisée, livre une performance encore plus marquante grâce à l’amélioration du mixage sonore et à des expressions faciales plus nettes.

On sent le poids du passé dans chaque ligne de dialogue. Les flashbacks de Sarah, sa femme disparue, sont comme des éclats de lumière dans une cave infestée de rats. Mais ce n’est pas un amour romantique : c’est une obsession. Une blessure purulente qui refuse de cicatriser. Et cela rend Deacon dangereux. Pas pour les autres — pour lui-même.

Malgré tout, l’écriture reste inégale. Certains dialogues tombent à plat. Certaines missions s’étirent inutilement, comme si le jeu refusait de laisser Deacon aller au bout de son arc narratif. Et pourtant, au détour d’une cinématique, d’une confession murmuré dans l’obscurité, Days Gone Remastered touche à quelque chose de vrai : la solitude absolue.

Une ambiance qui pèse comme un silence de mort

Ce qui distingue vraiment Days Gone Remastered, c’est son atmosphère. Elle ne cherche pas à faire peur de manière hollywoodienne. Elle pèse. Elle épuise. Elle suffoque. Le cycle jour/nuit reste une mécanique brillante : la nuit transforme les routes en pièges, les forêts en labyrinthes, les Freakers en prédateurs.

La bande-son minimaliste, faite de guitares fantomatiques et de nappes désolées, renforce cette impression de fin du monde personnelle. Même les musiques de combat sont rares et très souvent, c’est le silence qui vous traque… Ou un bourdonnement lointain… Ou le hurlement d’un loup quelque part derrière vous.

Les environnements sont plus denses dans cette version : plus de détails, plus d’effets météo, plus de présence. Par le fait donc, plus d’oppression. Le jeu n’est pas terrifiant comme un Resident Evil. Il est fatiguant. Comme une longue marche dans la nuit, où chaque pas vous rapproche du vide.

Ce que le remaster n’a pas pu changer

Days Gone Remastered améliore le confort, mais il ne soigne pas les défauts fondamentaux. L’IA ennemie reste parfois un néant, c'est-à-dire que l'on ne comprend pas toujours ces actions. Les missions s’enchaînent sans toujours se justifier narrativement, et la structure du monde ouvert devient, à la longue, un fardeau plus qu’un terrain de jeu.

C’est un titre qui aurait mérité une réécriture plus profonde, une seconde chance réelle, pas simplement une restauration esthétique. Et pourtant… malgré ses errances, malgré sa rugosité, il y a une âme dans ce jeu. Une tristesse, une colère, une sincérité brute.

C’est un jeu qui vous crache au visage, puis vous tend la main. À vous de décider si vous l’attrapez ou si vous continuez seul.



             + Ambiance immersive 

+ Moteur de jeu optimisé améliorés.

+ Narration brute 



 


- Gameplay répétitif

- IA inconstante 

- Peu de nouveautés de fond pour un remaster 

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