Critique de Heroes of Mount Dragon – Quand les cendres de la légende deviennent terrain de conquête

Développeurs: RuniQ

Éditeurs : RuniQ

Plates-formes : PC

Genres :Jeu d'Action

Prix: 29,99 $ 



Dans la multitude de RPG indépendants qui fleurissent chaque année sur PC, certains sortent du lot, non pas par leur ambition technique ou leurs graphismes dernier cri, mais par l’âme qui semble les habiter. Heroes of Mount Dragon, développé par le petit studio norvégien EmberRoot Interactive, tente de faire revivre la magie des RPG tactiques à l’ancienne, tout en y injectant un souffle de nouveauté. Entre ses combats stratégiques, son monde teinté de mysticisme draconique, et sa narration parfois inégale, ce jeu parvient à se faire une place dans le cœur des joueurs exigeants… mais pas sans livrer bataille.



Un monde en cendres… et en conflits


L’intrigue prend place dans les terres escarpées de Valdrakar, un royaume ravagé par la guerre et les flammes. Le Mont Dragon, jadis demeure sacrée des dragons anciens, est devenu le théâtre d’un conflit entre quatre factions : les humains du Royaume d’Arkenvale, les elfes cendrés de Lór’Vael, les Orcs Brisés du Croc Sombre, et les mystérieux Enfants de la Cendre, une secte dévouée à la renaissance draconique. Le joueur incarne un commandant exilé, héritier d’une prophétie oubliée, appelé à choisir un camp… ou à tous les trahir.


L’univers de Heroes of Mount Dragon est sans doute l’un de ses points forts. Les développeurs ont mis un soin particulier à façonner une mythologie riche, où chaque faction a ses nuances, ses divisions internes, et ses propres quêtes secondaires. Les livres trouvables en jeu, les dialogues et les choix moraux apportent de la profondeur, bien que parfois l’écriture pêche par excès de clichés fantasy ou des tournures un peu pompeuses.

Tactique en terrain brûlé


Le cœur du gameplay repose sur un système de combats tactiques au tour par tour, qui rappellera aux vétérans des titres comme Final Fantasy Tactics, Fire Emblem, ou encore Divinity: Original Sin. Chaque bataille se déroule sur un damier isométrique, avec gestion de la hauteur, des obstacles, et des effets élémentaires (feu, gel, poison, etc.).


Ce qui distingue vraiment Heroes of Mount Dragon, c’est sa mécanique de “Résonance Draconique” : plus vos héros se lient aux anciennes lames draconiques, plus leurs capacités évoluent de façon drastique. Il ne s’agit pas seulement d’une montée en puissance chiffrée, mais bien d’un changement de style de jeu. Un paladin peut ainsi devenir un Croisé Cendré, se sacrifiant pour protéger ses alliés dans une zone de feu purificateur. Une archère elfe peut invoquer des flèches draconiques qui percent les murs.


La difficulté est bien dosée, surtout dans les modes de jeu élevés. Chaque décision compte, et mal positionner un héros peut signifier sa perte. La gestion de l’endurance, de la magie, et des objets fait l’objet d’un équilibrage satisfaisant, même si l’interface pourrait gagner en lisibilité lors des combats de grande envergure.


Une progression engageante, mais pas sans heurts


Le système de progression est basé sur un arbre de compétences par classe, mais aussi sur un réseau d’affinités entre les personnages. En interagissant entre eux, vos héros développent des liens qui débloquent des actions combinées en combat, mais aussi des scènes narratives spécifiques. Cela renforce l’attachement à vos unités… à condition que vous surviviez assez longtemps pour voir leur arc narratif aboutir.


Cependant, tout n’est pas parfait. Le système d’équipement souffre d’un manque de clarté, notamment lorsqu’il s’agit de comparer des objets entre eux. Certains objets rares paraissent sous-puissants comparés à de simples équipements forgés. De plus, une économie un peu déséquilibrée oblige à “farmer” certains combats si l’on veut rester compétitif face à des boss parfois brutalement difficiles.



Un enrobage modeste mais stylisé


Graphiquement, Heroes of Mount Dragon adopte une esthétique rétro 2.5D qui mélange pixel art détaillé pour les personnages et décors en low poly texturé pour les environnements. Si cela peut sembler désuet à première vue, le charme opère rapidement. Les animations de combat sont fluides, les effets élémentaires bien rendus, et les cutscenes en plan fixe rappellent les jeux SNES/PS1 d’antan avec une touche d’aquarelle digitale.


La bande-son, signée Astrid Vennberg, est un petit bijou. Mélangeant chants nordiques, percussions tribales et nappes électroniques sombres, elle accompagne parfaitement les moments clés du jeu, qu’ils soient héroïques ou tragiques. Mention spéciale au thème des Enfants de la Cendre, qui donne des frissons lors de leurs apparitions.


Du côté technique, le jeu tourne correctement sur des configurations modestes. Quelques bugs sont à noter (unités coincées, dialogues qui ne se déclenchent pas, effets sonores qui disparaissent), mais les développeurs se montrent réactifs via des patchs hebdomadaires. On sent un vrai lien avec la communauté, ce qui mérite d’être souligné.



Une narration qui peine à maintenir l’intensité


L’histoire principale démarre en fanfare avec une trahison spectaculaire et un exil sanglant, mais connaît un certain essoufflement vers le milieu du jeu. On tombe alors dans un enchaînement de quêtes un peu génériques (“trouver les trois fragments”, “convaincre le chef réticent”, etc.), avant de remonter en intensité dans les derniers chapitres.


Les choix du joueur ont un impact réel sur l’issue du récit, avec plusieurs fins disponibles. Toutefois, certains choix semblent arbitrairement récompensés ou pénalisés, ce qui peut frustrer. Par exemple, sauver une ville peut conduire à la perte d’un personnage clé, sans véritable avertissement ni possibilité de contre-mesure.



On achète ou pas?


Heroes of Mount Dragon est une belle surprise dans le monde du RPG tactique indépendant. Bien qu’il ne révolutionne pas le genre, il offre une expérience solide, engageante, et portée par un univers riche en détails. Malgré quelques défauts techniques et un rythme narratif irrégulier, le jeu parvient à captiver, surtout si l’on apprécie les combats exigeants et les relations entre personnages.





+ Système de combat profond et stratégique avec des mécaniques originales comme la Résonance Draconique.

+ Univers soigné et riche, avec factions nuancées et une vraie mythologie.

+ Direction artistique unique et bande-son immersive.





- Narration centrale en dents de scie, avec un ventre mou trop prononcé.

- Interface parfois confuse, notamment dans l’équipement et les combats avancés.

- Quelques bugs persistants et équilibrage économique discutable.




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