Dans un marché où les frontières entre console et PC deviennent de plus en plus floues, ASUS a décidé d’enfoncer le clou avec la ROG Xbox Ally, une console portable sous Windows 11 pensée comme le pont ultime entre la liberté du PC et la simplicité d’une Xbox. Vendu autour de 800 $ CAD, cet appareil se veut la solution premium pour les joueurs exigeants qui refusent de choisir entre confort, mobilité et performances. Mais à trop vouloir tout faire, la ROG Xbox Ally ne risque-t-elle pas de se brûler les ailes ?
Un design inspiré, une ergonomie presque parfaite
Dès la prise en main, on sent l’ADN Republic of Gamers : un design anguleux, futuriste, sans tomber dans l’agressif. Le châssis blanc mat, rehaussé de légères finitions translucides, évoque la science-fiction plus que le gadget de salon. Les poignées texturées, bien dessinées, assurent une bonne tenue, et les sticks analogiques façon manette Xbox tombent naturellement sous les doigts.
Les boutons ont ce « clic » net et précis qui inspire confiance, et la croix directionnelle, souvent point faible des consoles hybrides, surprend par sa précision. ASUS et Xbox ont visiblement peaufiné cette collaboration : on retrouve l’esprit d’une manette Xbox Élite, miniaturisée pour l’aventure portable.
L’écran 7 pouces Full HD à 120 Hz avec technologie FreeSync Premium impressionne. L’image est vive, les couleurs éclatantes et la fluidité quasi parfaite dans les titres qui atteignent ce framerate. Mais c’est aussi ici que le paradoxe de l’Ally commence à se dessiner : cette beauté visuelle a un prix, et c’est la batterie qui trinque.
Une puissance brute dans un petit corps
Sous le capot, la ROG Xbox Ally embarque un processeur AMD Ryzen Z1 Extreme, une puce Zen 4/RDNA 3 taillée pour le jeu moderne. Sur le papier, elle rivalise avec certains PC portables de gaming d’entrée de gamme. Dans la pratique, les performances sont impressionnantes pour un si petit format.
Des titres comme Forza Horizon 5, Cyberpunk 2077 ou Elden Ring tournent entre 40 et 60 fps en 1080p avec des réglages moyens à élevés. Sur un écran de cette taille, le rendu est bluffant. L’interface Xbox/Windows 11 permet de lancer ses jeux depuis Game Pass, Steam, Epic Games, ou même Battle.net, offrant ainsi une liberté totale.
Mais encore une fois, la contrepartie se fait vite sentir. Jouer à Starfield en mode performance vide la batterie en à peine 90 minutes. On peut baisser la résolution ou limiter les Hz pour gratter quelques minutes, mais cette gymnastique permanente rappelle que l’Ally est avant tout un mini-PC, pas une console pensée pour le plug-and-play sans contrainte.
L’interface Xbox et Windows : le meilleur et le pire du monde PC
C’est sans doute l’aspect le plus controversé. L’Ally tourne sous Windows 11, et c’est à la fois un cadeau et une malédiction.
Côté positif, c’est la liberté absolue : tout est possible. Tu peux installer des mods, changer les launchers, streamer, faire du montage vidéo, ou utiliser l’appareil comme mini-ordinateur. C’est un couteau suisse numérique.
Mais côté expérience utilisateur… on s’éloigne de la simplicité console. Naviguer à l’écran tactile, ouvrir le gestionnaire de tâches, calibrer l’alimentation, jongler entre les overlays ROG et Xbox, tout cela demande un minimum de savoir-faire. Le moindre plantage ou fenêtre Windows intempestive casse un peu la magie du jeu « portable ».
À l’inverse d’une Switch 2, qui s’allume et joue immédiatement, la ROG Ally réclame un petit rituel technique avant d’être optimale. On sent ici la différence entre un PC miniaturisé et une console pensée pour le joueur.
Comparatif : ROG Xbox Ally vs Steam Deck vs Switch 2
Steam Deck (Valve)
Le rival le plus évident. Le Steam Deck est un peu plus lourd, son écran est « seulement » 800p à 60 Hz, et sa puissance brute inférieure à l’Ally. Pourtant, il conserve plusieurs atouts :
Une interface intuitive (SteamOS) optimisée pour la manette.
Une autonomie un peu meilleure, grâce à son écran moins énergivore.
Un écosystème solide, avec un mode Desktop si besoin.
Là où le Steam Deck brille, c’est dans sa simplicité d’utilisation. Il est prêt à jouer, ne demande pas de réglages constants, et coûte nettement moins cher (autour de 550 $ CAD). Certes, il fait moins tourner les AAA à fond, mais il reste cohérent dans son approche.
Verdict : le Steam Deck est moins sexy, mais plus homogène. La ROG Ally séduit les technophiles ; le Deck rassure les pragmatiques.
Nintendo Switch 2
La Switch 2 joue dans une autre ligue. Moins puissante, certes, mais infiniment plus accessible.
Nintendo mise sur le fun immédiat, la convivialité et une optimisation logicielle parfaite. Aucun bug, aucun réglage, et une ludothèque exclusive (Zelda, Mario, Metroid, etc.) que ni Xbox ni Steam ne peuvent égaler.
Cependant, la Switch 2 reste une console familiale. Elle ne vise pas la performance brute, ni le jeu PC. Oublie les titres récents en ultra : ici, c’est l’efficacité, la portabilité et le plaisir collectif qui dominent.
Verdict : la Switch 2 est la reine du casual et du multijoueur local. La ROG Ally est l’arme des solitaires technophiles.
Chauffe, bruit et confort
ASUS a intégré un système de refroidissement performant pour la taille du produit. Deux ventilateurs travaillent ensemble, et l’évacuation de la chaleur est bien gérée. Cependant, dès que l’appareil tourne à pleine puissance, la ROG Ally devient audible. Pas bruyante comme un avion, mais clairement perceptible dans une pièce calme.
La chaleur, quant à elle, se concentre à l’arrière et sur les tranches. Ce n’est pas brûlant, mais après une heure de jeu intense, la console devient tiède. En main, cela reste supportable, mais pour une session prolongée, on sent que le matériel est poussé à la limite.
Une machine de luxe pour un public précis
La ROG Xbox Ally n’est pas une console pour tout le monde. Elle s’adresse à ceux qui aiment le contrôle total, l’expérimentation et la puissance sans compromis.
C’est l’outil idéal pour le joueur PC qui veut prolonger son expérience en mobilité, sans sacrifier la qualité graphique.
Mais si ton but est juste de jouer sur le canapé ou dans le métro sans te soucier des réglages, l’expérience peut vite devenir frustrante. À 800 $, on s’attend à un produit tout-terrain ; or l’Ally reste tributaire de ses contraintes matérielles et logicielles.
En revanche, couplée à un dock ou un écran externe, la ROG Ally devient un mini-PC de jeu tout à fait crédible, capable de rivaliser avec des configurations plus lourdes. C’est sans doute dans cet usage hybride qu’elle excelle le plus.
L’avenir de la console-PC
La ROG Xbox Ally symbolise une nouvelle génération de machines qui brouillent les frontières entre console et ordinateur. Si ASUS et Xbox parviennent à simplifier l’expérience logicielle — pourquoi pas via une interface Xbox exclusive mieux intégrée —, la prochaine version pourrait devenir un véritable standard.
Mais pour l’instant, elle reste une machine de passionnés, une vitrine technologique qui démontre que le jeu portable haut de gamme n’est plus un fantasme, mais encore un peu un luxe.
En conclusion...
1. Puissance impressionnante pour une console portable : capable de faire tourner les jeux AAA en 1080p.
2. Écran sublime (Full HD, 120 Hz, FreeSync) qui rend chaque image fluide et nette.
3. Polyvalence totale grâce à Windows 11 : compatibilité avec tous les launchers, Game Pass, mods, streaming, etc.
4. Confort de jeu et ergonomie proche de la manette Xbox, solide et agréable à long terme.
1. Autonomie très faible, surtout en mode performance : entre 90 min et 2 h30.
2. Prix élevé : environ 800 $ CAD, difficile à justifier face à un Steam Deck ou une Switch 2 plus abordables.
3. Interface Windows pas adaptée à un usage 100 % console : navigation complexe, bugs possibles.
4. Chaleur et bruit perceptibles en pleine charge, ce qui limite le confort nomade.
Donc....
La ROG Xbox Ally est une démonstration technologique brillante, mais imparfaite. Elle se place entre deux mondes : trop sophistiquée pour le joueur occasionnel, pas assez endurante pour remplacer une vraie console portable.
Mais pour ceux qui veulent le PC gaming dans la paume de la main, sans compromis majeurs sur la qualité visuelle, c’est un rêve devenu réalité.
→ Une machine puissante, ambitieuse, mais encore perfectible.
Le futur du jeu portable passe peut-être par elle… mais pas encore tout à fait aujourd’hui.